Pour introduire sa prise de parole lors du congrès de l’association des chercheurs en activités physiques et sportives, Laurent Schmitt a lancé un extrait vidéo sur le grand écran de l’amphithéâtre du Corum de Montpellier.
Placé devant le Mont-Blanc, un visage bien connu des amateurs de sports s’adresse à l’assistance. Martin Fourcade, quintuple champion olympique en biathlon et légende du sport français s’excuse d’abord de son absence. Avant de poursuivre : « J’aurais aimé discuter avec vous du test de variabilité de la fréquence cardiaque. Mais je suis sûr que Laurent va vous apprendre plein de choses sur ce sujet et sur moi-même. »
Laurent, c’est Laurent Schmitt, chercheur et responsable du département Performance-Expertise-Recherche du centre national de ski nordique à Prémanon dans le Jura. L’ex entraîneur des équipes de France de ski de fond a suivi Martin Fourcade pendant toute sa carrière. De la catégorie juniors jusqu’aux étoiles.
« On analyse à partir de la fréquence cardiaque et des intervalles entre chaque battement cardiaque l’énergie de notre système nerveux autonome, explique Laurent Schmitt. C’est quelque chose qu’on a développé chez les athlètes de haut niveau. J’ai eu la chance d’accompagner Martin tout au long de son parcours. Toute cette expérience a été ensuite intégrée dans une technologie. »
Moins d’intensité pour plus de performance
Pendant des années, le chercheur et son équipe se sont interrogés sur des principes d’entraînement très véhiculés. L’entraînement doit-il être fatiguant pour être efficace ? Faut-il s’entraîner souvent à haute intensité ? Pour améliorer la VO2 max, la cylindrée du moteur, faut-il s’entraîner au niveau VO2 max ? Laurent Schmitt est désormais capable d’apporter des réponses précises par rapport au suivi de variabilité de fréquence cardiaque de Martin Fourcade.
« Avant, les entraînements devaient être difficiles, fatigants pour être efficaces. Dans ma carrière d’entraîneur de sportifs de haut niveau, j’ai toujours voulu associer la performance à la santé. Dans les années où Martin a été très bon, 85% de ses entraînements se déroulaient à une intensité où il est capable de parler pendant l’effort. L’année où ses résultats ont été moins bons, c’est qu’il a fait moins d’entraînements dits faciles. Plus il s’entraînait à intensité basse, plus son énergie montait, plus sa fréquence cardiaque baissait et surtout plus il montait sur le podium. »
Ces résultats éloquents sont le fruit d’années de travail et d’analyses poussées de milliers de données. Alors comment créer un outil numérique simple d’utilisation accessible en temps réel à tous les entraîneurs, aux athlètes et aussi au grand public ? Nicolas Bourdillon, chercheur en physiologie de l’exercice et directeur de recherche chez Incorpus, a élaboré en collaboration avec Laurent Schmitt un outil numérique commercialisable.
« Nous sommes partis de l’expertise de Laurent, annonce-t-il lors de la conférence. La réalité des données récoltées est très difficile à analyser. Et lorsque l’on doit traiter les données d’une équipe entière pendant la journée, il est déjà trop tard pour s’entraîner. Nous avons eu la volonté de créer quelque chose de facile qui transmet les données directement dans une application dédiée. On a mis deux ans pour mettre au point ce système. Nous avons aussi développé un outil pour le coach afin qu’il puisse gagner du temps et adapter individuellement les entraînements selon les résultats de chaque test. »
Déjà sur le marché, cet outil numérique révolutionnaire est déjà utilisé par des athlètes olympiques, des cyclistes professionnels. Au total, ce sont 20 clients qui possèdent la technologie qui, à coup sûr, sera amenée à se démocratiser.