Laurent Schmitt : « Associer la performance et la santé

Laurent Schmitt : « Associer la performance et la santé

Au contact de Martin Fourcade, Laurent Schmitt, chercheur et responsable du département Performance-Expertise-Recherche du centre national de ski nordique, a testé la variabilité de la fréquence cardiaque du plus grand biathlète de l’histoire pour adapter son entraînement et participer à sa légende. Entretien lors du congrès de l’association des chercheurs en activités physiques et sportives.

Laurent Schmitt, en quoi les nouvelles technologies ont-elles révolutionné la préparation des athlètes de haut-niveau ? 

Ces nouvelles approches nous permettent de valider l’aspect empirique et l’intuition des entraîneurs. On avait remarqué que certains athlètes qui avaient un gros volume aérobie à intensité facile faisaient de très bons résultats. Depuis qu’on a utilisé la variabilité cardiaque, on a compris pourquoi. Cela nous a permis de comprendre ce qu’il se passait physiologiquement dans l’organisme notamment l’augmentation de l’énergie qu’on arrive à obtenir en s’entraînant de cette façon-là. On dit maintenant : entrainez-vous doucement et vous irez plus vite. Le gros intérêt est aussi le transfert que l’on peut faire en terme de santé parce que les gens qui font faire du sport pour leur santé ont l’image du sportif de haut-niveau. En regardant par exemple Martin Fourcade, on se dit que puisqu’il s’arrache en compétition, il faut s’entraîner très dur. On va donc améliorer la santé des gens en leur disant de s’entraîner plus doucement en respectant l’équilibre respiratoire. C’est un message très important à faire passer. 

Les athlètes sont-ils d’excellents cobayes pour faire avancer la science de l’entraînement du sportif ? 

Plus que des cobayes, ce sont des exemples. Les jeunes ont regardé Martin Fourcade, Tony Estanguet et Romain Bardet. Le message que l’on veut faire passer est très important pour la santé publique afin que les gens prennent moins de médicaments et soient plus résistants au stress ainsi qu’aux maladies. On peut s’occuper de sa santé avec des activités aérobies à intensité modérée. La technologie nous a permis de le valider scientifiquement et de le comprendre. 

Imaginez-vous que l’on a encore plein de choses à apprendre sur l’entraînement du sportif ? 

Plus on progresse au niveau scientifique, plus on s’aperçoit qu’on ne sait pas grand-chose. Il faut se méfier de celui qui dit : « je sais ». Plus on progresse, plus on voit le chemin qu’il y a à parcourir pour arriver à comprendre les phénomènes parce qu’on rentre dans l’énergétique, dans la compréhension du vivant et donc des notions très complexes. L’avancée scientifique va nous permettre de comprendre de plus en plus comment on fonctionne. 

On verra donc dans le futur des athlètes encore plus forts que Martin Fourcade ? 

Non mais l’idéal serait d’en avoir plus. Martin Fourcade a réuni un ensemble de paramètres où il a été hyper performant. Des athlètes comme lui sont des étoiles filantes. Dans le ski nordique, les dix meilleurs athlètes français sont physiologiquement au niveau de Martin. Le modèle d’entraînement fait donc progresser énormément. Il faut augmenter la performance et la santé. Les deux doivent être associés. 

Partagez sur :

Autres articles