Dans les rues de Montpellier, on ne parle que de lui. Les gamins portent son maillot. Sur les terrains, ils jouent tous comme Téji. On entend dire qu’il mérite d’être appelé en équipe de France, qu’il marche sur la Ligue 1… Et pourquoi pas le Ballon d’Or tant qu’on y est ? Plus fort que Lucas Paqueta ? Meilleur que Dimitri Payet, plus efficace de Lionel Messi ? Oui, Lionel Messi !
Celui dont tout le monde parle à Montpellier comme s’il faisait partie de la famille, c’est Téji Savanier. L’enfant de la cité Gély. D’abord boudé par le MHSC, son club formateur, il grandit à Arles-Avignon (2011-2015) puis chez l’ennemi juré, le Nîmes Olympique (2015-2019) où il explose en Ligue 2. Mais le joueur de 29 ans qui a éclos sur le tard est un fidèle. Il s’est fait une promesse : marquer l’histoire de son club de cœur, le MHSC.
Pour comprendre le phénomène, il faut s’installer dans les tribunes de la Mosson. Et l’attente n’est pas longue. Le public attend le coup d’éclat, se lever à chaque prise de balle, frissonne à chaque dribble, vibre pour ses frappes de velours. Téji est ici chez lui. Il est le chouchou, le porte bonheur, le joueur majeur, le faiseur de rêves.
Téji Savanier rayonne sur le terrain. Il est le meilleur des acteurs. Savanier est un poète qui transforme tous les ballons en ode au football. Il joue systématiquement vers l’avant, régale avec ses contrôles orientés. Sur la pelouse, il s’occupe de tout. Il tire les coup-francs, lance les contre attaques, crée le déséquilibre. Il fait même les touches et les corners, pourvu qu’il soit à la réception.
Face à Nantes, ce dimanche après-midi, il pleut, il fait froid mais Téji réchauffe les corps et les cœurs. Quand il écope d’un carton jaune pour sa première faute, on râle (37e). Lorsque le défenseur du FCN Andrei Girotto se rend coupable de deux (terribles) fautes sur la pépite (15e, 17e), on se fâche. Quand les débats sont pauvres en première mi-temps entre les deux formations (0-0, 45e), il fait jaillir l’étincelle sur un coup-franc qu’Alban Laffont, le portier nantais, doit détourner en corner (44e). Parfois, l’arbitre siffle une faute de Savanier, c’est sûr, l’homme en noir s’est trompé.
En plus d’être un magnifique footballeur, Téji Savanier est attendrissant. Ses yeux bleus, son regard malicieux, son sourire canaille… Il court partout, râle sur l’arbitre de touche, se prend la tête entre les mains… Une grossière faute sur lui en fin de partie ? C’est toute son équipe qui le défend. Le futur international français se place toujours entre les lignes, dans les intervalles. Il se rend disponible en permanence. Quand il reçoit la gonfle, le temps s’arrête, il entre en scène.
Et puis Téji débloque la situation. D’abord par une frappe captée par le gardien (59e), ensuite par à une tête dans la surface pas assez puissante (63e) et, enfin, grâce à un tir à l’entrée de la surface détourné par Laffont et repris par Florent Mollet pour l’ouverture du score. La Mosson chavire, Téji est aux anges (1-0, 64e).
« Savanier, Savanier, Savanier. » Le stade scande son nom. Sa frappe sur coup-franc heurte la transversale. Tant pis, tant mieux. On ne se sait plus.
Au coup de sifflet final, le tour d’honneur lui revient de droit, encore une fois. Il le partage avec ses coéquipiers. De ses gestes, il transmet au public des sourires et du bonheur. Promis, Téji, on reviendra.